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La malédiction de Toutankhamon

C’est probablement une des plus grandes découverte du 20e siècle qu’avait fait l’archéologue Howard Carter en 1923. Le tombeau de Toutankhamon avait révélé au monde entier sa splendeur et sa richesse. Qui plus est, il avait été épargné par les voleurs et les pilleurs. Mais cette invulnérabilité ne cachait-elle pas un secret bien enseveli avec tous ses trésors ? Certains ont parlé de malédiction, car un grand nombre de personnes sont décédées après avoir visité le site. Alors, véritable malédiction, coïncidences dramatiques ou légendes enjolivées ?

 

 

Le personnage

Toutankhamon était le roi de l’Egypte à l’époque de la 18e dynastie. Il fut couronné entre 7 et 9 ans (les experts se tâtent encore sur son âge) et mourut à 19 ans. De part son jeune âge, il ne put construire un temple à la hauteur de son ambition. Il dut donc, se rabattre sur un simple tombeau dans la vallée des rois près de Louxor au bord du Nil. On ne connait pas grand-chose sur le roi en tant que tel lors de son règne. On sait qu’il était terriblement épris de son épouse et qu’il était un guerrier assidu. Les peintures qui ornent son tombeau ont permis de prétendre ces affirmations sans avoir peur de se tromper. Sa mort reste sujette à caution. Certains archéologues pensent qu’il fut assassiné à l’aide d’un objet contondant sur l’arrière du crâne. D’autres prétendent qu’il aurait contracté une forme de tétanos suite à une blessure à la jambe. Bref, rien ne permet d’affirmer aujourd’hui la véritable cause de sa mort, même si une sorte de scanner de la momie a été effectué récemment au Caire.

 

Lord Carnavon

 

La découverte du tombeau

En 1920 Lord Carnavon, un richissime homme d’affaire anglais, passionné par l’Egypte, débloque des fonds pour entreprendre des fouilles dans la vallée des Rois. Il mandate l’égyptologue réputé Howard Carter, qui certifie que des tombeaux inviolés sont encore à découvrir. Carter se met au travail, mais il semble que cette expédition soit vouée à l’échec, car après deux ans de fouilles, il n’a toujours rien trouvé. Puis, à la fin de l’année 1922, un ouvrier découvre par hasard une série de marches d’escalier juste en dessous de l’entrée du tombeau de Ramsès V. Carter exulte, mais il lui faut dégager un grand nombre de gravats afin d’atteindre une porte scellée. Il s’agit du tombeau de Toutankhamon, un roi quasi inconnu à l’époque. Il avertit Lord Carnavon, qui malgré sa santé fragile, décide de faire le déplacement pour assister à l’ouverture de la sépulture. Il règne une atmosphère tendue, suite aux allégations de certains ouvriers qui déclarent avoir lu une phrase sur la porte d’entrée : "la mort touchera de ses ailes celui qui dérangera le Pharaon". Peu superstitieux, Carter perce d’abord un trou dans la porte, afin que l’air puisse pénétrer et purifier un peu cet endroit resté clos depuis tant d’années. Il lui faudra près de 2 mois de travail avant d’atteindre enfin la salle du sarcophage et la salle des trésors. Mais quel trésor ! Carter mettra près de 4 ans pour tout répertorier de manière extrêmement méticuleuse et pour transporter tous les biens au musée du Caire.

 

Howard Carter

 

Une série de morts étranges

Tout d’abord à la découverte du tombeau, le canari fétiche de Carter se fait avaler par un cobra. Chose rarissime à cette époque de l’année, car les cobras sont, non seulement, rare en Egypte, et surtout à cette époque de l’année. Quelques mois après la mise à jour de la sépulture, Lord Carnavon décède à l’hôpital du Caire des suites de l’infection d’une piqure de moustique. Au moment de sa mort, une coupure de courant survient et affecte toute la ville. Il n’en faut pas plus pour que les journaux avides de sensations voient en cette mort plus qu’une simple coïncidence. 6 mois après le décès de Lord Carnavon, son frère Aubrey Herbert et l’infirmière du Lord meurent tragiquement. Peu de temps après, le secrétaire de Carter et fils unique de Lord Westbury, Richard Bethell, quitte le monde des vivants. Fou de chagrin, Lord Westbury se suicide trois mois plus tard.

Le Professeur Lafleur, ami intime de Carter arrive une semaine après la mort de Lord Westbury sur le site du tombeau. Il n’y restera que quelques semaines avant de mourir d’une maladie mystérieuse. Vient le tour d’Arthur Mace, proche collaborateur de Carter qui tira sa révérence un mois plus tard. Il semblerait qu’il perdit toutes ses forces après avoir pénétrer dans la salle funéraire. Il mourut un mois plus tard. Le Docteur Evelyne White, proche collaboratrice de Carter, tomba dans une forte dépression nerveuse après avoir également été une des premières à entrer dans la chambre mortuaire. Sa maladie la poussa malheureusement à mettre fin à ses jours trois mois plus tard. Archibald Douglas Reed, qui reçut l’ordre de radiographier la momie avant son transport au musée du Caire, succomba quelques jours après, suite à un malaise. Enfin les professeurs Douglas Derry et Garriès Davis décédèrent également de mort mystérieuse après avoir examiner la momie ou des objets sortis du tombeau. Au total, ce sont 17 personnes qui passèrent de vie à trépas après avoir été en contact de quelque manière que ce soit avec le tombeau de Toutankhamon… !

 

Le site des fouilles

 

Une malédiction ?

Il est clair que tous ces décès survenus dans un laps de temps aussi court semblent particulièrement curieux, et l’histoire d’une malédiction frappant ceux qui pille la tombe du roi prend une ampleur rarement atteinte dans l’histoire de l’archéologie. Et puis, il y a le phénomène de la fouille d’une tombe, qui, dans notre civilisation ainsi que celle des égyptiens, n’est que peu comprise et admise, même si elle est destinée à un but scientifique. Elle passe plus pour un pillage et va à l’encontre des principes fondamentaux des religions. Tous ces éléments vont vite, par le biais des journalistes, faire naître de nombreuses histoires de malédictions. Mais qu’en est-il vraiment ? Et peut-on rationnellement expliquer tous ces décès ?

 

La momie

 

Les hypothèses

A l’époque, les outils de médecine légale n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui et certaines maladies n’étaient pas encore bien comprises et traitées. Notamment la tuberculose et la pneumonie, qui sont dans bien des cas, responsables de nombreuses morts. Lord Carnavon, par exemple, souffrait déjà de troubles pulmonaires depuis plusieurs années. Sa santé fragile fut aussi un facteur aggravant dans l’infection qui l’a terrassé.

Maintenant il s’agit de relativiser certains faits qui se sont produits. Tout d’abord, l’inscription sur la porte d’entrée du tombeau. Celle-ci n’a jamais existé, et fut montée de toute pièce par les journalistes. Ensuite, la mort du canari, qui reste encore à ce jour sujet à caution. Certes Carter en parle dans son journal, mais il semble que cet épisode fut à mettre au crédit d’un opposant farouche aux fouilles et qui aurait introduit un cobra dans la cage de l’oiseau. Car trouver un cobra en Egypte à cette époque de l’année, reviendrait à trouver une marmotte sur la côte d’Azur en plein mois de janvier… ! Enfin Carter, lui, n’a jamais été troublé par quelques maladies et vécut jusqu’en 1939, comme bon nombre de personnes qui l’entourait dans ses fouilles.

Une des réponses à ces maladies nous est parvenue en 1985 lors de la restauration de la momie de Ramsès II. Son analyse a permis de mettre à jour de petits champignons toxiques pour l’homme. Et d’après les notes de Carter, on sait qu’une des salles de Toutankhamon en était couverte. Après de nombreuses recherches, les scientifiques ont découvert que ces champignons seraient à l’origine de la pneumonie à précipitines. Ce dont plusieurs savants et spécialistes ont souffert lors d’une exposition trop prononcée. Concrètement, on devrait donc plus parler de maladie de l’archéologue que de malédiction. Mais la légende est lancée et déjà on adapte des films retraçant la malédiction de la momie. Et lorsque la fiction dépasse la réalité, il est difficile de la contredire ou de l’arrêter.

Epilogue

Malheureusement pour les adeptes, il n’existe pas plus de malédiction que de palmier en Alaska. Tous ces décès sont dus avant tout à des maladies et à des coïncidences malheureuses. La plupart ayant été bien enjolivée par les médias, qui se sont donné un malin plaisir d’utiliser ce filon. L’esprit du jeune pharaon avait bien moins l’esprit vengeur que celui des journalistes, et de toute façon, l’Egypte n’a pas besoin de malédiction pour nous faire rêver historiquement.