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Le trésor de l'Abbé Saunière

A la fin du 19e siècle, le petit hameau de Rennes-le-Château devient le centre d’un mystère troublant. L’Abbé Saunière, qui a repris la petite église dans un état de délabrement avancé, entreprend des travaux de restauration, grâce à un prêt de la commune difficilement accordé. Quelques années plus tard, les habitants sont stupéfaits du train de vie de leur homme d’église. Des fouilles importantes sont entreprises, l’église est entièrement rénovée, l’Abbé achète des terrains, fait construire une luxueuse villa, une tour néo-gothique pour sa bibliothèque personnelle ainsi qu’un jardin avec des plantes exotiques. Mais qu’à-t-il découvert dans son église ? Un secret, un trésor ? Personne ne sait. Qui plus est, à sa mort, on découvrira qu’il ne possède plus rien et qu’il a tout légué à sa servante… !

 

Rennes-le-Château

 

Les faits

En 1885 l’abbé Beranger Saunière est nommé curé du petit village de Rennes-le-Château, près de Carcassonne. En arrivant dans le village, il découvre une église dans un état de délabrement avancé avec un presbytère inhabitable. Il demande alors un prêt à la municipalité qui sera refusé dans un premier temps. Mais sa pugnacité sera récompensée quelques années plus tard, puisque la Marquise de Chambord et la commune lui accorde un don et un prêt d’environ 5000 francs-or (environ 25'000 euros). En 1891, il commence les travaux et s’attèle à la restauration de l’autel en premier. Première surprise, en voulant déplacer le pilier wisigothique en bois, il découvre 3 cylindres contenant 4 parchemins. Le premier est un arbre généalogique sur la descendance des rois mérovingiens, les trois autres contenant des extraits d’évangile écrits en vieux latin. Quelques jours plus tard, en soulevant une épaisse dalle devant l’autel, il découvre en fait que celle-ci avait été posée face contre terre et qu’elle représentait deux chevaliers montant un même cheval. Cette dalle déplacée, elle fit apparaître une sorte de tombeau. Saunière décide de stopper les travaux, de renvoyer les ouvriers et d’en informer ses supérieurs. Seule sa fidèle servante Marie Dénarnaud restera avec lui. Après avoir vu 4 de ses confrères, il se fait envoyer à Paris par l’évêque de Carcassonne Félix Billard, afin de faire décrypter les parchemins. Il est reçu par l’Abbé Bieil, et chose curieuse, il est hébergé par son neveu, avec lequel Saunière fait la connaissance de la cantatrice en vogue Emma Calvé (ce n’est pas un mince succès pour un petit curé de campagne !). Plus curieux encore, lors de son retour, 5 jours plus tard, il transporte 3 reproductions de peinture et seulement 3 parchemins. Celui contenant l’arbre généalogique est resté à Paris ! Il reprend alors les travaux en s’entourant de la famille de Marie. Il fait soulever le dallage pendant la nuit, construit un portail pour le cimetière et se fera même surprendre en train d’ouvrir une tombe (celle de la Marquise d’Hautpoul), dont il tentera d’effacer les inscriptions ! Par peur de représailles de la Mairie, il cessera ses fouilles. En 1897, l’église est officiellement inaugurée et consacrée en présence de Monseigneur Billard. Mais le style est plus que douteux et l’évêque ne fait pas long feu dans ce lieu étrange. Entre 1897 et 1899, Saunière fera de nombreux voyages vers des destinations inconnues, mais aussi aux alentours de Rennes. Certains témoignages racontent que l’abbé allait chercher des pierres dans des endroits bien spécifiques. Fin 1899, Saunière reçoit la visite de Jean-Stéphane de Hasbourg, que les villageois appelaient « Monsieur Guillaume ». Cet aristocrate reviendra régulièrement, semble-t-il, pour financer les recherches de Saunière. Il aurait avancé la somme de 20'000 francs-or (environ 100'000 euros).

 

L'abbé Saunière

 

Dès 1900 l’abbé achète 6 terrains et commence à construire son domaine. Les travaux dureront 8 ans. Il construit une superbe villa (la Villa Bethanie), une orangeraie, une tour néo-gothique (la Tour Magdala), de grands jardins exotiques, etc, etc. Dès lors, le petit curé vit dans le faste et de nombreuses personnalités viennent lui rendre visite. Entre autre, Jean-Stéphane de Hasbourg et le secrétaire d’Etat aux Beaux-Arts Dujardin-Beaumetz. Il entretient une correspondance abondante avec des banques et reçoit des mandats importants. On sait qu’il avait trois comptes bancaires en France, et, semble-t-il, un autre à Budapest (mais rien n’a jamais été prouvé).

 

Villa Béthanie

 

Si bien que cette vie commence à inquiéter l’évêque de Carcassonne, qui décide de le muter dans un autre village. Mais Saunière refuse et continue à officier dans sa chapelle personnelle, malgré l’arrivée d’un autre curé. Les villageois, eux, affluent toujours autant auprès de l’abbé Saunière.

En 1917, il est terrassé par une crise cardiaque devant la porte de la tour Magdala. Il fait alors appel à l’abbé Rivière d’un village voisin pour une ultime confession. Elle dure longtemps, et lorsque Rivière ressort, il est livide, tel un mort-vivant. Saunière ne recevra l’extrême onction que 2 jours plus tard. Il mourra le 22 janvier 1917.

 

La tour Magdalena

 

A l’ouverture de son testament, on remarque que l’abbé ne possède plus rien, il a tout légué à sa fidèle servante Marie, qui vivra seule jusqu’à sa rencontre avec un certain Corbu. En 1946, Marie décède et Corbu recevra la villa Béthanie en legs. Il en fit un restaurant dans lequel il se plaisait à raconter à ses clients l’histoire du curé millionnaire, se basant sur les faits réels, mais laissant également place à son imagination.

C’est en 1960 que des journalistes de la Dépêche du Midi entendent parler de cette histoire et la publient. Le mystère de Rennes-le-Château est lancé.

Le personnage

Ainé d’une famille nombreuse, Beranger Saunière est né 1852 dans le petit village de Montazels. Son père s’appelle Joseph et sa mère Marie !!! Cet homme au physique de rugbyman est d’une nature indépendante et passablement rebelle à la hiérarchie. Il suit l’école St-Louis de Limoux, puis entre au séminaire de Carcassonne en 1874. En 1879, il est ordonné prêtre, puis enseigne de 1882 à 1885. Mais ses idées anti républicaines et ses problèmes avec la hiérarchie lui vaudront un renvoi et une nomination à Rennes-le-Château. En 1909 il donne sa démission de prêtre et sera déchu de ses fonctions en 1911. En 1915, il est inculpé pour trafic de messes. Mais il ne se rendra jamais à sa convocation. Il tentera en vain d’expliquer les dépenses et de se justifier, mais il sera interdit d’exercer. Il envoie un relevé avec des chiffres considérablement gonflés. Le total se monte à 190'000 francs-or (environ 1'000'000 euros, ce qui est énorme, car à cette époque un château et 380 hectares se vendaient 100'000 francs-or).

Depuis ce jour, il vivra sans argent jusqu’à sa mort en 1917, vendant de temps à autre des médailles religieuse et des chapelets.

Une église étrange

Saunière a effectué des travaux et des rénovations plutôt ambiguës dans son église. A l’entrée, sous la statue de la Vierge, il a fait mettre le pilier wisigothique avec la Croix du Silence à l’envers. Le bénitier de l’entrée est supporté par Asmodée le Diable boiteux. Le sol est composé d’un échiquier de 64 cases. Le confessionnal rappelle l’histoire du berger Pâris, tombé dans une grotte remplie d’or et de joyaux et qui fut lapidé pour ne pas avoir dévoilé sa cachette. La dalle des Chevaliers, qui reste à l’heure actuelle bien mystérieuse et qui fut scellée par l’abbé. Le chemin de Croix qui est dans le sens inverse. De nombreuses curiosités lumineuses à certaines dates. Enfin des peintures et reproductions très étranges, qui seraient trop longues à expliquer. Sans oublier un crâne à 22 dents au sommet du portail et une étoile au sommet de la girouette. Bref tout semble indiquer un lieu qui recèle un secret profond.

 

L'église de Rennes 

Asmodée

 

Les fameux parchemins

En fait ces fameux parchemins n’ont été révélés qu’en 1960, et on peut douter de la véracité de ces documents, car aucune preuve n’a été produite quand à leur existence. Les hypothèses se basent sur des calques qui auraient très bien pu être totalement imaginés. Preuve en est, les confrères de Saunière n’ont jamais entendu parler de parchemins. De plus Corbu a affirmé, que les journalistes n’écoutaient jamais ce qu’il leur disait, et qu’il n’avait jamais parlé d’une chose pareille.

Le déplacement à Paris alors ?

Rien n’indique que l’abbé se soit vraiment rendu à Paris. Pourtant, les reproductions dans son église attestent bien de leur provenance de la capitale. Il se peut que l’évêque de Carcassonne l’ait bel et bien envoyé chez l’abbé Bieil pour lui exposer les faits, suite à sa découverte du tombeau. Nous savons que Bieil était un spécialiste de l’occultisme et des textes anciens. Avait-il découvert des inscriptions anciennes dans cette sépulture et cherchait-il des traductions ? Personne ne le sait. Par contre, la rencontre avec Emma Calvé semble peu crédible.

Qu’a découvert l’abbé Saunière dans cette fameuse sépulture ?

On ne le sait pas vraiment. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que les ouvriers avaient mis à jour une cache dans le sol qui contenait un calice avec des pièces d’or. Seulement, il ne s’agissait en fait, d’après certains témoignages, que de médailles sans grandes valeurs. Le calice fut d’ailleurs offert à l’abbé Grasseaud d’un village voisin. Ce calice existe toujours. Et même s’il s’agissait de pièces en or, elles n’auraient pas suffit à expliquer le train de vie de l’abbé. Beaucoup suggère qu’il aurait découvert une crypte, mais quand à son contenu…. Mystère !

Quelles sont les hypothèses ?

Au fil du temps, de nombreuses hypothèses sur son incroyable fortune ont émergé. Certaines intéressantes, d’autres complètement grotesques. Voici une liste des plus courues :

- Le trésor des Cathares

- Le trésor de Blanche de Castille

- Le trésor des Templiers

- Le trésor des Wisigoths

- Des documents remettant en cause les évangiles

- La tombe du Christ

- Le trésor de Jérusalem

- L’arche de l’Alliance

- La pierre Philosophale

Mais on a aussi parlé de base d’Ovnis, par exemple !!! Bref, chacun y allant de sa petite théorie, sans nous apporter de preuves formelles.

La version officielle

La version officielle reste le trafic de messes, que Saunière aurait effectué entre 1894 et 1910. Cependant elle reste très controversée, car elle ne lui aurait pas permis de mener ce train de vie aussi trépidant.

La plus plausible

Saunière n’a jamais découvert de trésor, tel qu’on l’imagine. Certes, il a bien mis à jour des reliques, mais qui lui ont servi de passeport pour obtenir des dons et de l’argent auprès de riches aristocrates. En faisant miroiter la découverte d’un secret, dont il doit encore percer le dernier mystère, il s’attire les faveurs, notamment de Hasbourg, afin qu’il finance ses recherches. Ajouté à cela un trafic de messe et des reliques bien vendues, cela lui permet de vivre extrêmement bien. N’oublions pas que l’abbé est loin d’être bête, et qu’il a la sulfureuse réputation d’être un homme anti hiérarchique, rebelle et anti conformiste. D’ailleurs on retrouve bien son style dans la décoration plutôt excentrique de son église, laissant de nombreux messages ambigus. A-t-il fait chanter l’église tout entière en faisant croire à une découverte qui remettrait en cause les évangiles ? Peu probable, car elle n’aurait pas laissé le curé continuer son train de vie sans réagir et n’aurait pas attendu 1911 pour l’interdire d’officier.

Nous savons que Saunière recevait de nombreux mandats dans trois banques, donc il est tout à fait possible qu’il ait fait le même jeu de dupe à 3 personnes richissimes différentes.

Mais pourquoi effacer des inscriptions d’une pierre tombale et piller cette même tombe (la Marquise de Hautpoul) ? Il y a fort à parier que la tombe avait une connexion avec la sépulture dans l’église. Il a probablement pensé que cette tombe pouvait également contenir des reliques et afin de supprimer toutes traces de liaison, Saunière a décidé d’en effacer certains caractères.

Epilogue

Quoi qu'il en soit, trésor matériel ou spirituel, mythe ou réalité, l'abbé Saunière a réalisé son rêve qui était de faire de Rennes-le-Château un haut lieu de pèlerinage et de laisser son nom à la postérité. C'est chose faite avec ses milliers de visiteurs chaque année qui viennent découvrir ce lieu sacré et ses alentours recelant d'endroits magiques empreints de légendes fabuleuses, de sites exceptionnels au passé chargé d'histoire, de lieux étranges, voire initiatiques.

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