Les statues de l'île de Pâques

 

L’île de Pâques, mondialement connue pour ses gigantesques statues de pierre, est au centre de plusieurs mystères. Tout d’abord, par sa situation isolée au milieu de l’océan pacifique, mais aussi concernant la signification et l’érection de ces géants de basaltes. Qu’en est-il vraiment ? Reste d’une ancienne civilisation proche des Egyptiens, présence extraterrestre ou témoignage d’un continent englouti ?

Situation

L’île de Pâques se situe au large du Chili, à environ 3500 kilomètres à l’ouest de Santiago, et à 2000 kilomètres de la première île polynésienne à l’est. Elle couvre environ une surface équivalente à Paris et sa banlieue. Ce qui est surprenant au premier abord, c’est qu’elle se trouve complètement isolée en plein océan pacifique. L’île, triangulaire, a été formée par plusieurs volcans, aujourd’hui éteints, qui culmine en son centre. Elle est balayée par de forts vents maritimes et ne possède que peu de végétation. On dénombre environ 3000 habitants (les Pascuans)

 

 

Histoire

C’est en 1697 que cette île est citée pour la première fois par le navigateur Edward Davis, mais c’est en 1722 que le néerlandais Jakob Roggeven la découvre véritablement le soir de Pâques. Il la nommera bêtement l’Ile de Pâques. Le navigateur est frappé par les colosses de pierre qui trône sur l’île et ne s’explique pas comment une population si basique a pu ériger de tels monstres. Son récit poussera de nombreux navigateurs vers cette île mystérieuse, et c’est en 1794 que le célèbre James Cook y accostera et décrira avec détails ce territoire étrange. Au milieu du 19e siècle l’île fut envahie par des colons péruviens à la recherche d’esclaves. Beaucoup de pascuans décédèrent dans les mines péruviennes et ceux qui eurent la chance de retourner chez eux amenèrent la variole, la tuberculose et autres maladies inguérissables à l’époque. Si bien que la population en 1878 fut presque totalement décimée. On ne comptait plus qu’une centaine d’individus. Cette même année, l’île de Pâques devînt officiellement territoire chilien. C’est à la fin de la 1ère guerre mondiale que des recherches scientifiques dévoilèrent au monde entier la splendeur des statues pascuanes et tous ses mystères. Aujourd’hui l’île est toujours possédée par le Chili, mais depuis 2007, elle a un statut de territoire spécial.

Les statues

Ces statues, appelées Moaïs, ont été érigées bien avant la découverte de l’île par les européens. On en compte près de 300 (le chiffre peut varier, car un bon nombre de celles-ci sont couchées, détruites ou enterrées). Elles furent taillées dans une roche de basalte à l’aide de haches rudimentaires. Cette roche se trouve principalement sur les flans d’un des trois volcans que compte l’île. On sait de source sure, qu’elles furent travaillées sur place, déplacées et ensuite érigées. Ce qui est stupéfiant quand on connaît le poids et les dimensions de ces monstres. La hauteur varie entre 2 et 9 mètres et le poids se situe entre 10 et 100 tonnes. Il en existe même une de 24 mètres, partiellement détruite. Comment un peuple qui ne connaissait pratiquement rien en mécanique a-t-il pu déplacer de pareils colosses ? Autre fait étrange, elles tournent le dos à la mer, à l’exception d’une rangée de 7 statues qui contemplent l’horizon maritime. Enfin, quelle est leur signification, que représentent-elles et quand furent-elles construites ?

 

 

Les théories

De nombreuses théories ont émergées au fil du temps pour tenter de comprendre tous ces mystères. Certains ont avancés que l’île de Pâques, de par sa situation, devait être le sommet du continent englouti de l’Atlantide. D’autres évoquent une création par une civilisation disparue proche des Egyptiens. Enfin l’éternelle théorie extraterrestre qui serait à l’origine de cette édification mystérieuse.

Qu’en est-il vraiment ?

Tout d’abord, grâce au carbone 14, les scientifiques ont pu déterminer que les statues ont été façonnées entre 1500 et 1700, contrairement aux théories qui semblaient s’orienter vers le 8e ou 9e siècle. De plus, grâce à l’ADN trouvé sur des ossements, les habitants de l’île avant la colonisation, provenaient de Polynésie. D’ailleurs, rien d’étonnant, car les polynésiens sont réputés pour être d’excellents navigateurs. Quand à leur arrivée, il semble qu’elle se soit produite entre le 5e et le 8e siècle de notre ère.

D’après les relevés géologiques, l’île était très boisée. Cela se confirme d’ailleurs par les récits de navigateurs qui avaient noté qu’il subsistait encore quelques arbres, ce qui n’est plus le cas actuellement. Mais alors, comment expliquer cette déforestation ? Il semblerait que le bois de l’île ait servi à la construction de maison, de pirogues et certainement pour l’acheminement des statues sur leurs emplacements actuels. En effet, une expédition a prouvé récemment qu’avec des rondins de bois et des cordes, il était possible de déplacer des objets très lourds et de les ériger, comme l’avaient fait les pascuans.

Par contre leur signification reste un mystère. Qui plus est, le style des figures n’est pas représentatif du type polynésien. En effet, les visages et les nez sont allongés et le facial se rapproche plus des individus sud américains. Alors qu’en est-il ?

On a longtemps pensé qu’elles devaient certainement représenter des divinités vénérés par les pascuans et qu’elles faisaient face à la terre afin de protéger ses habitants des envahisseurs et des conditions climatiques. Mais comment expliquer alors que la taille des statues se soit subitement arrêtée ? Puisque on a retrouvé une quantité d’œuvres non terminées, voir détruites sur les flancs du volcan.

D’après les historiens et certains récits, l’île était peuplée par deux clans bien distincts : « Les grandes oreilles » et « les petites oreilles ». Les premiers étant les chefs de clans, les seconds étant les travailleurs ou les esclaves qui travaillaient la pierre et érigeaient les statues pour les premiers. Il semble que la déforestation intensive pour l’acheminement de ces géants soit en partie responsable de cet arrêt subit. Mais il est aussi question d’un soulèvement des « petites oreilles » suite à des années de famine et de maigres récoltes. Il ne faut pas oublier que le territoire n’est pas grand et qu’avec l’augmentation de la population, il y a fort à parier que la nourriture est venue à manquer. La révolte décima complètement le clan des « longues oreilles » et la construction se stoppa aussi rapidement qu’elle avait commencé.

Les « petites oreilles » auraient alors édifié un système hiérarchique par le biais d’une cérémonie annuelle vouée au culte de l’homme-oiseau. Ce rite consistait à nager depuis la côte jusqu’à un petit îlot et de rapporter un œuf d’une colonie d’oiseau qui y nichaient habituellement. Ceux qui réussissaient l’examen étaient alors promus au rang de chef de clan et s’occupaient de gérer les ressources de l’île. Si bien qu’une nouvelle ère de prospérité relative se remit en marche.

 

 

 

Hypothèse de la signification des statues

Une des hypothèses les plus soutenues concernant la signification des statues reste l’arrivée sur l’île d’une tribu d’origine péruvienne dans le milieu du 15e siècle. Celle-ci aurait réduit les autochtones au rang d’esclaves. On sait que certaines civilisations sud américaines de l’époque étaient extrêmement développées et particulièrement sanguinaires. Cette tribu aurait donc fait ériger ces statues à leur image dans un but de vénération pour les esclaves et afin de leur rappeler qu’ils étaient les intermédiaires entre les Dieux et eux. Dans un souci d’effrayer la population, elles étaient tournées dos à la mer comme un mirador pour surveiller les terres, tout en ayant les yeux rivés vers le ciel. Mais cet égo aurait pris fin avec le soulèvement des esclaves à la fin du 17e siècle. Ce qui expliquerait le facial sud américain des statues. Les petites oreilles étant les pascuans, et les grandes oreilles les péruviens.

Malheureusement aucune preuve ne peut étayer cette affirmation puisque la dernière lignée de descendants de cette époque s’est éteinte au début du 20e siècle, emportant avec elle toutes les réponses à ces mystères.

Epilogue

Il n’y a donc aucun mystère concernant la fabrication de ces statues. Elles ont bien été façonnées par l’homme, et il n’y pas eu de présence extraterrestre, ni de civilisation disparue de l’Atlantide. Les seuls points d’ombre concernent en fait la signification de ces statues qui restent à caution.

Aujourd’hui l’île de Pâques compte 3000 habitants et les recherches archéologiques battent leur plein. On espère pouvoir trouver encore beaucoup de réponses sur l’histoire de cette terre balayée par les vents. Les habitants tentent de replanter de la végétation et le tourisme commence à se développer dans ce magnifique îlot du pacifique.

 

 

×