L'affaire Lizzie Borden

Lizzie

 

1892 à Fall River dans l'état du Massachussetts, les époux Borden, notables de la ville, sont violemment assassinés à coup de hache. Seules la fille cadette des Borden, Lisbeth, communément appelée Lizzie et Bridget la bonne sont présentes dans les alentours de la maison. L'enquête déchaine les passions et la presse s'en mêle. Elle deviendra aussi médiatique que l'affaire Lindbergh ou plus récemment celle d'O.J. Simpson, dès lors que Lizzie est inculpée des meurtres. Mais sans preuves irréfutables, les jurés ne mettent que 90 minutes pour délibérer et innocenter Lizzie.

A ce jour, personne d'autre n'a été inculpé pour les meurtres, et le mystère plane toujours sur cette affaire. Alors, coupable ou innocente ? Qu'en est-il ? Retour sur cette affaire qui date de 120 ans.

Lizzie

Les faits

Le 4 août 1892 entre 09h30 et 11h00 (les heures varient selon les témoignages et récits), Andrew Borden et sa deuxième épouse Abby sont violemment assassinés dans la maison familliale de Fall River, au 92 Second Street. Andrew a reçu une bonne dizaine de coups de hache, quant à sa femme, elle en a reçu près d'une vingtaine. Une véritable boucherie. C'est la cadette des filles qui découvre le corps de son père en revenant de la grange. Elle appelle aussitôt Bridget la bonne et lui demande d'aller chercher du secours. Bridget, qui s'était assoupie après le nettoyage des vitres du batiment, sort chercher le Dr. Bowen et une voisine. Pas encore remise d'une intoxication alimentaire la veille, Bridget avait profité de se reposer lors du départ d'Andrew Borden vers 09h00. Le Dr. Bowen examine le corps  et part alerter la police qui arrive sur les lieux vers 11h15. Madame Borden, elle, est introuvable et Lizzie affirme qu'elle est partie vers 09h15 chercher un télégramme ou un colis, mais qu'elle ne la pas vu revenir. Bridget et Lizzie décide d'aller voir dans la chambre d'ami et tombe sur le cadavre d'Abby Borden. Lizzie s'écrie : "Il y en a un autre en haut". Elle a reçu une vingtaine de coups de hache. Un véritable déchainement meurtrier.

Andrewborden

La famille Borden

Famille de notables de Fall River, les Borden sont composés du père Andrew, de sa femme Abby, issue de son deuxième mariage (sa première étant décédée en 1862). Andrew eut trois filles de son premier mariage : Lisbeth, surnommée Lizzie, Alice, décédée à deux ans, et Emma l'aînée. Partageant la maison familiale pendant quelques jours, John Morse, l'oncle de Lizzie et frère de la première épouse d'Andrew, ainsi que la servante Bridget Sullivan, immigrée irlandaise.

Andrew

C'est une famille de notables depuis plusieurs générations, à l'exception du père d'Andrew, qui n'était que simple représentant. Bien décidé à ne pas suivre les traces de son père, Andrew travaille dur et devient riche, grâce à son sens inné des affaires. Il préside en 1892 la plus grande banque de la ville, et se trouve à la tête de 3 commerces. Considéré comme strict et intransigeant en affaire, il n'est pas franchement aimé de la communauté de Fall River, et n'a pas beaucoup d'amis. En famille, ce n'est guère plus reluisant. Entre la rigidité du père, l'envie de reconnaissance de la mère, les caprices de Lizzie et l'animosité entre Abby et Lizzie, les relations ne sont pas au beau fixe. Seule, Emma, vit au jour le jour et semble relativement épanouie.

L'enquête

La police interroge aussitôt les membres de la famille pour découvrir des pistes. Lizzie affirme qu'elle avait entendu une dispute entre son père et un autre individu quelque temps auparavant. Les policiers privilègient tout de suite un meutrier exterieur et font une enquête de voisinage, qui amènent plusieurs possibilités. Un rodeur aurait été aperçu aux alentours de la maison et une calèche avec deux hommes se serait arrêtée devant le domicile des Borden. Mais ces pistes tournent court. L'étranger n'était qu'un vagabond connu dans la ville. Quant aux deux individus, il ne s'agissait que de deux personnes égarées, qui avait demandé leur chemin à Andrew. La police se penche ensuite sur des suspects potentiels dans le domaine des affaires de la victime. Mais de nouveau, rien de concret.

Elle décide alors de se focaliser sur John Morse, l'oncle de Lizzie. Seul un homme tel que lui aurait pu être capable d'une telle barbarie. Malheureusement, Morse a un alibi en béton armé, et la police commence à se poser de sérieuses questions. Toutes les portes étaient verrouillées de l'intérieur et Lizzie semble plutôt détachée et se fond dans des déclarations plutôt confuses. Elle déclare qu'elle se trouvait dans la grange, afin de chercher des plombs pour la pêche et à manger des poires. Seulement la chaleur qui régnait ce jour-là rendait presque impossible le fait de rester près de 20 minutes dans la fournaise étouffante de la grange. De plus, les enquêteurs ne remarquent aucunes traces sur le sol poussièreux de la grange. Quant à Bridget, ils s'étonnent qu'elle n'ait rien entendu lorsqu'elle se reposait.

10 jours après les meurtres, un témoignage vient conforter la suspicion sur Lizzie, lorsque le pharmacien de la ville indique aux policiers que la cadette des Borden était venu tenter d'acheter un dérivé de cyanure deux jours avant les meurtres. Soi-disant pour éliminer des mites sur son manteau en peau de phoque. Or la peau de phoque ne craint pas les mites...!!! Quant à sa soeur Emma, elle est mise hors de cause, puisqu'elle a été vue en galante compagnie. Il n'empêche que la culpabilité de Lizzie semble difficile à croire autant pour la police que pour les habitants. Impensable qu'une femme puisse être l'auteur d'un tel carnage.

Mais lorsque la voisine, Mme Churchill, indique aux enquêteurs qu'elle a vu Lizzie brûler une robe bleu dans le fourneau familiale trois jours après le meurtres, les doutes s'envolent gentiment. Lizzie portait justement cette robe le jour du massacre. Elle est donc inculpée et incarcérée.

Autre élément déterminant pour la police : la découverte d'une hache dans la cave, dont le manche a été brisé et calciné. Il pourrait bien s'agir de l'arme du crime, même si elle ne comporte aucune trace de sang. Ce qui tendrait bien à prouver que l'assassin venait de l'intérieur.

Le mobile

Le mobile semble être d'ordre financier et haineux. En effet, l'ambiance au sein de la famille Borden est plus qu'électrique. Lizzie ne supporte pas la deuxième femme d'Andrew. D'ailleurs, elle ne l'a jamais apparenté à sa mère, alors qu'elle était entrée dans la famille lorsque la cadette n'avait que quatre ans. Andrew s'apprétait à devenir millionnaire, et apparemment il aurait largement couché sa seconde femme sur son nouveau testament. En tuant donc Andrew et Abby, la voie était royale pour les deux filles Borden. De plus, avec le décès des époux, la maison familiale serait revenue à Bridget. Du coup, on se met à penser qu'un plan machiavélique aurait germé dans l'esprit de Lizzie et Bridget.

Le déchainement de la presse

Cette affaire secoue Fall River, mais elle dépasse largement les frontières de la ville et de l'état du Massachussetts. Des journalistes de toute la côte Est des Etats-Unis défilent à la recherche du scoop. Si bien que tout et n'importe quoi est publié. On apprend que Lizzie est enceinte, que John Morse et Bridget avait une relation ou encore qu'Andrew avait des relations incestueuses avec Emma. Bref elle déchaine tellement les passions que des groupes féministes voient le jour pour soutenir Lizzie, que personne ne croit capable d'une telle barbarie.

Newspapper

Le procès

Le procès de Lizzie se déroule en juin 1893 et dure 15 jours. Elle est représentée par trois avocats de renom. La partie civile se lance dans le procès en brandissant la fameuse robe bleue. En soulevant cette fameuse robe, la partie civile fait apparaitre les deux crânes des victimes qui serviront à démontrer la violence de l'acte meurtrier. En apercevant les deux crânes, Lizzie s'évanouit et le procès est suspendu. Le but de l'accusation est de déstabiliser les jurés, car elle sait qu'elle n'a pas de preuves formelles. Faire prendre conscience de l'atrocité de l'acte. Elle apporte ensuite la hache retrouvée à la cave et explique que, même une femme aurait pu commettre les meurtres. Pourtant ces tentatives s'avèrent peu concluante, car non seulement rien ne prouve que Lizzie ait tenu l'arme du crime, et rien ne démontre non plus que cette hache soit bien l'arme du massacre. Elle ne contenait aucune trace de sang. Il pourrait tout aussi bien s'agir d'un outil abimé, laissé à l'abandon dans la cave.

Hache

La partie civile fait défiler les témoins. Le pharmacien, qui avait refusé de vendre du cyanure à Lizzie, Alice, la voisine, qui avait déclaré avoir vu l'accusée brûler sa robe et les enquêteurs qui relancent la fameuse histoire de la grange. Pas de traces de pas et une fournaise difficile à supporter. Malheureusement ces témoignages n'apportent rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est que Lizzie a peut-être menti. Mais rien ne prouve sa culpabilité. Surtout qu'un témoin de dernière minute a bien vu avant les meurtres une femme sortir de la grange et se diriger vers une autre femme près d'une vitre, qui furent identifiées comme étant Lizzie et Bridget. Autant dire que l'accusation se trouve dans ses petits souliers, et il ne fallut que 90 minutes aux jurés pour déclarer Lizzie Borden non coupable.

Cranes

L'après-procès

Malheureusement pour les filles Borden, cette relaxation ne leur permit pas de retrouver grâce auprès de la communauté. Pire, elles furent traitées comme des parias. Elle déménagèrent dans un quartier huppé de la ville jusqu'en 1913, date à laquelle Lizzie et Emma se froissèrent. Lizzie fut emportée par une pneumonie en 1927, alors que sa soeur quitta le monde des vivants 9 jours plus tard. Bridget, quand à elle, resta dans la maison familiale jusqu'en 1948, date à laquelle elle mourut. Elle aurait avoué à sa soeur sur son lit de mort, qu'elle avait modifié son témoignage pour protéger Lizzie. Les trois femmes, à leur mort, léguèrent l'essentiel de leur fortune à des oeuvres caritatives.

Lizzie Borden

Au moment des fait, Lizzie a 32 ans. C'est une vieille fille qui n'a toujours pas trouvé chaussure à son pied. Deux raisons à cela : un physique peu avantageux et la toute puissance de son père, qui refusa probablement tous les prétendants qui n'étaient pas d'un rang acceptable. Lizzie est une femme caractérielle et frustrée. Elle estime que son père ne lui donne pas assez d'argent par rapport à son statut. Elle refuse de reconnaître sa belle-mère et les clashs sont monnaie courante. On supposa aussi qu'elle eut une relation homosexuelle avec une actrice, ce qui aurait activer la séparation entre les deux soeurs. Mais rien n'a été prouvé.

Alors, meurtrière ou non ?

Cette question restera encore longtemps en suspens, car seule Bridget aurait pu y répondre, si tant est qu'elle ait eu la réponse ! Malheureusement elle a emporté son secret dans sa tombe.

Par rapport à ce que l'on a vu, il y a fort à parier qu'elle soit bien l'instigatrice des meurtres, mais il est impossible de le prouver. Elle a certainement bénéficié d'une complicité, mais qui ? Peut-être Bridget ou encore quelqu'un d'autre qui n'a jamais été cité. Pourquoi pas ce cousin éloigné, réputé violent et dangereux, qui selon un écrivain, aurait été au courant d'une liaison extraconjugale d'Andrew et qui l'aurait fait chanter. Mais cette piste n'a jamais pu être vérifiée et prouvée. Autre information qui n'a pu être certifiée, celle d'une maladie dont souffrait Lizzie et que l'on appelait communément : "Le petit mal". Sorte de crise d'epilepsie qu'elle contractait pendant la période de ses règles. Ce qui pourrait expliquer une force décuplée et une absence de souvenirs.

Pierre

Epilogue

Aujourd'hui le doute subsiste toujours et on ne saura probablement jamais le fin mot de l'histoire. La maison des meurtres existe toujours, et a été transformée en musée et Bed & Breakfast. Celui qui le souhaite, peut passer une nuit dans la chambre de Lizzie ou la chambre d'ami. L'histoire de Lizzie Borden a été portée de nombreuses fois à l'écran, dont une toute dernière version avec Christina Ricci dans le rôle principal.

Lizzie

 

http://lizzie-borden.com/

Concernant le cinéma, on relèvera l'anecdote de l'interprétation de Lizzie Borden par Elisabeth Montgomery, elle-même, descendante lointaine de des Borden dans un film des années 70. Musicalement parlant, le groupe de Glamrock Lizzy Borden a vu le jour à la fin des années 80. Ce groupe est toujours en activité et avait sorti la chanson : "Me against the world" en parlant de l'histoire de Lizzie.

Lizzy borden

L'affaire Lizzie Borden a donné naissance à la contine suivante :

Lizzie Borden took an axe (Lizzie Borden prit une hache)

And gave her mother fourty whacks (et frappa sa mère quarante fois)

And when she saw what she had done (lorsqu'elle vit ce qu'elle avait fait)

She gave her father fourty one (elle frappa son père quarante-et-une fois)

Christina ricci channels murderer in lizzie borden took an ax poster